vendredi 3 juillet 2009

La peur

D'un jet, sans me relire, sans vraiment réfléchir....

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J'ai enfin un nouvel appart, dans lequel j'emménagerai définitivement lundi. Avec mes meubles, mes cossins, Moe, mon quartier, ma vie nouvelle. manque qu'un papier de divorce et l'affaire est dans le sac.

Mes amis et mes parents sont venus m'aider. Et c'est pas fini. L'aide j'veux dire. Il reste encore à peinturer, placer, visser, ranger, déplacer, replacer, installer, m'installer.

Mais ça, ça ne me fait pas peur. J'suis un bourreau de travail. Comme mon père. Enfin...Comme l'était mon père.

Mercredi soir, on travaillait à rendre mon appart vivable. Pascal et Anouk fumaient chacun une cigarette en jasant avec ma mère et moi dans la cuisine pendant qu'Andréanne finissait de décrotter le carrelage de la douche quand on a entendu un grand fracas dans le salon.

Papa venait de tomber.

J'ai couru vers la pièce double, où il était étendu par terre.

Les trois mètres avaient l'air de millions de kilomètres.

Papa me regardait, confus et rouge..."je me suis enfargé" qu'il a dit...Enfargé mon cul!

Il a eu un malaise, mais il ne voulait pas le dire. Pas devant les autres, pas paraître faible, pas être incapable de m'aider parce que j'en ai besoin...J'm'en crisse de l'appart, si je ne peux plus y recevoir mon père....

Il est resté couché quelques minutes, trop étourdi pour se relever. Je l'ai aidé à se redresser. Maman est apparue avec une débarbouillette fraîche. Je lui ai presque arrachée des mains, pour la passer dans le cou de mon papa, qui ne disait pas un mot.

Il voulait absolument s'asseoir, alors j'ai approché une chaudière de peinture et je l'ai soulevé, pour ne pas qu'il force trop. Quand il a été assis, j'ai continué à lui passer la débarbouillette sur la tête, les épaules. Il s'est mis la main gauche dans le visage et a laissé sortir un seul sanglot, lourd comme l'humidité d'avant l'orage. Fort aussi.

Un seul.

Toute sa douleur y était concentrée.

Pas sa douleur physique, mais celle qui le ronge par en-dedans. Celle de ne plus être capable, de ne pas être le plus fort, d'être faible devant quelqu'un d'autre. Celle de l'orgueil ravagé, de l'amour-propre blessé dans sa nature.

Pas facile pour lui.

Et pour moi non plus.

Ce sanglot-là m'a fendu le coeur en deux, tandis que ses échos qui résonnaient dans la pièce vides en piétinaient les morceaux.

Si je n'avais pas été de la même trempe que lui, j'aurais pleuré.

Mais moi-non plus, je me donne rarement le droit d'être faible, de me laisser aller.

Même si j'fais plus attention que lui pour la santé physique, je ne sais pas ce qui me fait le plus peur: savoir que de plus en plus, papa peut mourir à n'importe quel moment, ou savoir que je deviens de plus en plus comme lui...
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Crisse de vie chienne qui m'apporte toujours des événements poches avec les événements heureux...

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En allant vers IKEA ce midi, je pensais à ma nouvelle vie, chez-moi, et les larmes me sont montées aux yeux.

Mardi, quand je serai seul, je vais me mettre un cd - je ne sais pas encore lequel - je vais me caler dans mon fauteuil favori, mettre une chanson qui me fait du bien, qui me libère, et je vais me laisser aller.

C'est poche, prévoir ses larmes, je trouve.

Ça sera sûrement Walk...

"the blows they have just a little more space in-between them
Gonna take a breath and try again. "

try again, and again, and again, and again, and again.....

1 commentaire:

Nikki a dit...

Tes mots me touchent comme si je vivais le moment avec toi. Mais savoir que tu as conscience de tout ça me rassure, de beaucoup, crois-moi. J'suis un peu sensible sur les bords, mais j'suis contente qu'on m'informe; d'une manière ou d'une autre.

Je suis contente pour ton appart :)