lundi 25 mai 2009

Je sais pas qui tu es, mais je sais ce que tu es.

Lumineuse, yeux pétillants, drive positive, sourire sincère, naïve et "groundée" en même temps, regard intelligent, voix agréable à mon oreille, autant capable d'apprécier Tom Waits que Fall Out Boy, Sex Drive que Taxi Driver...

dimanche 24 mai 2009

Un automne au Portugal - 3

25 octobre - 15h45

Ça fait presque une heure que la tempête bat le littoral. Une heure que Philippe est assis, serein, dans la grande pièce, à fixer ses papiers sur le mur, à ruminer.

Une heure à écouter les volets battre le rythme de sa nouvelle chanson, celle qui naît en ce moment, qui éclôt, qui pousse pour sortir de son crâne, de ses tripes. Un couplet, un refrain, une figure rythmique, une mélodie forte, qui reste en tête. Ne manque que quelques morceaux cruciaux, et elle sera prête.

La raison de son voyage ici.

De son retour en fait.

Juste une bonne, c'est ce qu'il lui faut. Qu'il lui fallait.


25 octobre - 20h02

La tempête est chose du passé. Une fois le battement des volets réduit à une pulsation digne d'un comateux profond, Philippe a rebranché l'électricité, sorti son équipement, branché les fils.

Programmation d'un beat adéquat, ersatz de basse en instrument virtuel, piste de guitare rythmique, quelques mélodies de guitare ici et là.

Reste la voix, ce qui donne le ton, ce qui fait que ça passe ou ça casse.

Il place la tête de lecture quelques mesures avant le début de la chanson, enfile le casque d'écoute, appuie sur record, recule de quelques pas et se place devant le micro. Prend une grande respiration.

Une prise.

Une seule.

Il sait.

Sauvegarde du fichier, mise hors tension de l'ordinateur, de l'équipement. Philippe range ses trucs, mange un peu, boit une coupe de vin.

Demain, il retourne à Montréal.

vendredi 22 mai 2009

un automne au Portugal - 2

25 octobre - 14h57

La mer commence à se déchaîner et l'embarcation de Philippe passe près de chavirer à chaque fois qu'une vague la frappe. L'idée semblait pourtant excellente au départ. Louer un voilier, voguer vers le large et, à quelques milles nautiques de la côte, sortir le laptop, brancher l'interface audio, bien placer le micro, accorder la guitare et enregistrer, avec le son du vent en filigrane sonore, loin de tout.

Mais le plan est rapidement tombé à l'eau, au propre comme au figuré. Le vent s'est levé subitement, et le marin néophyte s'est retrouvé avec une situation trop lourde à gérer pour ses capacités.

Le laptop baigne sur le pont, juste à côté de l'étui de la Gibson, au feutre détrempé. Philippe tente tant bien que mal de protéger sa Dove chérie, mais l'eau a déjà sérieusement abîmé la caisse.

Il lève les yeux et, en voyant le ciel se voiler, se rend compte que le pire de la tempête s'en vient.

Juste comme une longue plainte sourde s'éveille au creux de son estomac, a proximité de la boule permanente qui le noue depuis des mois, Philippe se réveille en sueurs, allongé dans le hamac de la véranda, fouetté par le vent qui vient de se lever.

Il se lève, ferme solidement les volets, attache le vélo à la clôture et s'enferme dans la maisonnette. Par précaution, le matériel d'enregistrement et la Dove se retrouvent sous le lit, à l'abri d'intempéries trop insistantes.

Une fois le disjoncteur à off, Philippe tire une chaise, s'assied, pose les coudes sur la tables et regarde le mur devant lui.

Track sheets, idées de paroles, bouts de mélodies griffonnées sur des papiers froissées. Fissures, peinture défraîchie.

Le vent commence à siffler entre les volets et la maison. Le claquement du bois contre la pierre devient presque hypnotique. Philippe se surprend même à y déceler des figures rythmiques intéressantes.

L'obscurité gagne la grande pièce où les bruits de la nature déchaînée sont maîtres.

Philippe, ferme les yeux, pas craintif pour deux sous.

La visite au marché du village attendra...

jeudi 21 mai 2009

Un automne au Portugal

23 octobre - 9h22

Philippe s'éveille dans la seule chambre de la maisonnette qu'il loue sur le bord de l'Atlantique. Il reste dans le le lit, les yeux ouverts, fixants les lattes de bois du plafond croche. À sa droite, les chiffres du réveil-matin clignotent. L'électricité a encore flanché cette nuit.

Par la fenêtre, il entend les vagues qui se cassent sur les rochers. Il les entend, mais ne les remarque plus. Ça fait plus de trois mois qu'il est dans le nord du Portugal. La mer est devenue un bruit de fond et un refuge quotidien. Comme s'il retournait quelques instants dans le confort du liquide amniotique.

9h36.

Les chiffres clignotent toujours, obstinés à marquer un rythme qui n'existe plus. Philippe se lève, ne prend pas la peine de s'habiller et se dirige vers la grande pièce qui fait office de cuisine, de salon, de salle à manger, de bureau et de studio d'enregistrement.

Les gestes machinaux du matin, ceux d'avant la première cigarette, se répètent dans le même ordre que depuis des mois: vider la cafetière, la remplir, ajouter du café, la déposer sur le rond gauche du poêle électrique à deux éléments, allumer le rond, trouver les cigarettes, en ficher une entre ses lèvres, fouiller sur le comptoir pour trouver des allumettes, allumer la cigarette, tirer une bouffée en regardant par la fenêtre. Vider la tête. Voir au loin, de l'autre côté de l'Atlantique.

Effacer les images de juin, à Montréal, sur De Lorimier, dans sa chambre.

Verser le café, le boire en essayant de faire le vide, encore une fois. Éteindre la cigarette

Enfiler un short, sortir, courir vers la mer, s'y plonger.

Résister à l'envie de crier sous l'eau, de laisser ses poumons s'emplir, de couler à pic.

Sortir de l'eau, marcher vers la maison. Démarrer l'ordinateur, prendre la guitare.

Enregistrer des chansons d'amour de merde pour une fille de merde.

Effacer le disque dur.

Déjeuner.

attendre...
------
(à suivre?!)

mardi 19 mai 2009

Virage obligatoire

"La trentaine, la bédaine, les morveux, l'hypothèque..."

J'ai les deux premiers, pas encore le troisième (maudit!) et plus le quatrième...

Fallait faire de quoi, c'était certain. Le premier, j'peux pas l'changer, et pour arriver au troisième, faut réduire le second. LE quatrième, c'est non-essentiel, tant que le troisième et l'amour sont au rendez-vous.

Depuis une semaine, je travaille fort sur le point numéro 2. Gym tous les matins, manger mieux, manger moins, bouger plus, moins stresser.

Ça marche. Dans mon corps et dans ma tête.

6,2 livres de perdues en 7 jours. 23 si je pars le calcul de mon Everest de kilos, atteint cet été.

Parce que si je veux la séduire, faudra plus que mon humour, mon charme et mon intellect. Un beau body va aider aussi!

De plus en plus, je sais c'est qui "LA" aussi. Ça, ça m'aide moi.

dimanche 17 mai 2009

pour toi.

Ben non, c'est pas grave qu'on se soit connus après 30 ans. Même si notre amour va durer moins longtemps, il sera plus fort, plus vrai, plus toutte.

Inquiète-toi pas, avec l'expérience qu'on a en arrière de la cravate (ou du joli t-shirt à peine moulant mais ô combien sexy pour toi), on va éviter les écueils.

On va être capables d'être heureux, de se comprendre sans parler, de se laisser du temps, de se prendre du temps, de vivre notre amour, pas de le survivre. Parce qu'on sait. Parce qu'on saura.

Pis les kids vont venir, et on s'perdra pas au mileu de la tornade. On va s'épauler, s'aimer. Être un, être deux, être nous.

Je t'écris tout ça,mais je ne sais même pas qui t'es...

samedi 9 mai 2009

Un fantasme particulier

J'aimerais un jour devoir faire un discours devant cent-quarante-quatre toutounes.

Je m'adresserais à une grosse de grosses...

mardi 5 mai 2009

what makes a man...



Je pense que je commence à le savoir aussi...

Le noeud du problème

- Arrête de te sauver de tout! Tu m'énarves à t'fermer les yeux d'vant la vérité...
- Ta gueule, tu sais pas de quoi tu parles!
- Fuck you!

Porte de bureau et porte de chambre qui claquent à l'unisson. Au moins, on est encore en harmonie sur un point...

Ça fait deux jours que ça dure, deux jours à s'ignorer, à se faire la gueule, à faire exprès pour se faire chier par des petits riens subtils: ouvrir le journal un peu plus grand que d'habitude pour que le coin droit de la section Arts et Spectacles atterrisse sur la toast de l'autre, se raser sciemment avec le rasoir de l'autre...Une p'tite guerre de nerfs d'un couple qui se connaît trop.

On est passés le stade du make-up sex, du make-up déjeûner au resto, du make-up bouquet de fleurs, de la make-up pipe complète...Qu'est-ce qui nous retient ensemble sinon l'habitude et le confort des jours qui se suivent et qui se ressemblent fucking trop?

Mais bon, c'est tolérable, vivable, suffocant, mais pas assez pour asphyxier les morceaux d'amour qui essaient tant bien que mal de survivre.

L'appartement nous ressemble: à l'envers, débordé, dépourvu de sens, presque.

Et on joue cette pièce depuis tellement de mois qu'on en connaît les répliques par coeur, surtout les répliques qui piquent, qui font mal. Mais on est trop chickens pour changer le texte, jouer sur un autre registre. On continue dans ce qu'on connaît. Peut-être qu'au fond, ça fait notre affaire.

Et là, ce soir, à la table à dîner, c'est parti pour être la même répétition des mêmes mots, des mêmes synonymes. Usés, fatigués. Nous là, pas les mots.

entre deux bouchées, elle me regarde, neutre.

- Tu sais c'est quoi mon problème?
- Non.

C'est vrai, je ne le sais pas c'est quoi son problème...En fait, je sais quels sont SES problèmes. Elle est chiche de dire qu'elle n'en a qu'un.

- Mon problème, c'est toi.

Enfin.

Le troisième acte peut prendre fin, il a duré tellement longtemps. Le rideau va descendre bientôt, au grand plaisir des spectateurs obligés de cette pièce sordide, aux acteurs épuisés, au propos répétitif.

Pour la première fois depuis des mois, je ne réponds pas.

Pour la première fois depuis des mois, elle a raison.

lundi 4 mai 2009

Samedi soir.

tu me regardes, les yeux chauds. Les speakers de l'ordi crachent ta toune. Tu chantes à tue-tête en dansant, chacun de tes pas te rapprochant de moi, calé dans mon fauteuil favori.

Pis moi je te regarde danser comme un feu-follet parce que t'éclaires ma soirée, ma vie. J'suis saoul, mais pas à cause du vin. À cause de ton rire, d'la lumière dans tes yeux.

Ta toune finie, tu te dandines vers l'ordi "qu'est-ce que tu veux que je mette?"

J'ai le goût de répondre "Such great heights" mais ça briserait l'mood...

répondre "rien" aussi, j'veux pas être intense, j'veux plus être intense comme ça, surtout pas avec toi, légère et insaisissable comme le vent.

T'es juste là avec moi, pis tout est beau.

"Mets-donc I Hope I Don't Fall In Love With You de Tom Waits..." Tu farfouilles dans ma liste de lecture, repères la toune et la sélectionnes.

"Viens ici"

Tu t'approches, je dépose ma coupe de vin par terre, tu te loves sur moi, moulée dans mes bras.

Je te murmure chaque refrain au creux de l'oreille. Au dernier, je me tais.

Je ne peux pas voir ton visage, mais je jurerais que tu souris.

la madame de la caisse

C'est le premier du mois, celui où la file à la caisse est plus longue que d'habitude, celui où tu te maudis d'avoir à passer voir un caissier parce qu'il te faut retirer un montant excédant la limite permise au guichet.

J'attends depuis trop longtemps pour ma patience élimée, les ordinateurs de la caisse populaire surchauffant leurs processeurs Pentium III depuis de trop nombreuses années pour démarrer au quart de tour LA journée du mois où y'a trop de monde.

Un guichet se libère et je m'y présente, encore riche des profits tous relatifs de la maison fraîchement vendue. "Est-ce que le chèque est dégelé? Je dois retirer 5000$..."

Le gars pianote sur le clavier, va s'enquérir des procédures pour faire dégeler l'argent en me laissant planté au comptoir. Je consulte mes courriels sur mon smart phone, incapable de vraiment prendre une couple d'heures de congé.

Une dame se présente au caissier à ma droite, tremblante, ses deux chèques gouvernementaux à la main. "je veux déposer trente piasses, payer mon compte d'hydro et le reste en argent" qu'elle dit en sortant une facture chiffonnée de son sac à main.

"Des coupures en particulier madame?" de questionner le caissier, d'un français teinté d'un accent maghrébin. "100 en 5, pis un cinq piasses en change"

Le caissier effectue les transactions et remet cent dollars en coupures de cinq à la dame. Le regard de la vieille se brouille, elle commence à trembler. "C'est pas ça que j'ai demandé! Je veux cinq cent en cent piasses, le reste en vingts pis cinq piasses en change!" Le caissier conserve son calme, malgré le cafouillage intellectuel évident de sa cliente. Il change prestement les billets pour ceux demandés, met le livret à jour et le remet à la madame, de plus en plus confuse.

"Combien que j'ai dans mon livre?" " Vous êtes dans le rouge de 126 dollars madame"...

Les yeux affollés, les tremblements qui s'amplifient, la panique qui s'installe...

"Mais...comment ça? je comprends pas!"

"vous avez déposé trente dollars, payé votre compte de 150 dollars d'hydro, le reste je vous l'ai remis..."

"Mais voyons donc!" de l'interrompre la cliente "C'est pas ça qu'ils font d'habitude! faut déposer trente piasses, payer le compte et me donner le reste!"

"Madame, c'est la première fois que je vous vois, faut me dire clairement ce que vous voulez..."

"je te l'ai dit! Je fais toujours ça..."

J'ai envie d'attendre qu'elle parte, de retirer cent dollars de plus et de demander au caissier de le déposer dans son compte...

"Madame, c'est pas grave, on va refaire les opérations, tout va être comme d'habitude"

Pendant ce temps-là, mon caissier revient, avec la confirmation que le chèque est dégelé. Il compte les trente billets de cent devant moi, ajoute les quarante-cinq billets de cinquante et l'unique vingt à la pile. "Une enveloppe monsieur?" "Oui, s'il-vous-plaît..."

Je fourre l'enveloppe pliée dans ma poche et sort de la caisse, laissant derrière la dame confuse, qui ne comprend sûrement encore rien des événements aujourd'hui, pas assez présente intellectuellement pour développer une pensée abstraite lui permettant de cerner les opérations mathématiques effectuées, budgétant à la cenne juste pour arriver.

Crisse que des fois, je me plains pour rien...

PLein de nouvelles chansons

Pas toujours joyeuses, mes chansons...Normal, elles me servent d'exutoire.

paroles et musique/ FM 2009

L’exil

Un coup de poing à visage découvert
C’est ce que tu m’as servi pour souper hier
J’ai même pas pu goûter au dessert
Dans la face une poignée de désert

Dans ma coquille ben enroulé
Noyé de larmes jamais coulées
Y sort rien de mes réflexions
Que l’exil comme solution

Ça devient une mauvaise habitude
À l’amour, un drôle de prélude
J’tu trop gentil, j’tu trop prude?
C'est-tu ma calice d'attiude?

Dans ma coquille ben enroulé
Noyé de larmes jamais coulées
Y sort rien de mes réflexions
Que l’exil comme solution

t’as pas joué à l’avocate
pas coupé les cheveux en quatre
Rendus moins loin que prévu
un peu après le début.

Dans ma coquille ben enroulé
Noyé de larmes jamais coulées
Y sort rien de mes réflexions
Que l’exil comme solution


---------

Un homme libre

Flotter entre deux eaux
Penser à rien, même pas à elle
Afficher un silence radio
Et ne plus donner de nouvelles

J’aspire à l’inertie

Arrêter les mouvements
Débrancher les lumières
Essayer d’stopper l’temps
Et ériger les barrières

J’aspire à l’intertie

Trouver l’équilibre
Et le garder pour un bout
Endurer quand je vibre
Et me foutre de tout.
-----
Le long voyage

J’suis habitué au rituel
L’ordre normal des choses
Étape par étape j’me prépare
Finie la symbiose

J’m’en retourne vers mon soleil

L’air est vicié dans la station
Les pompes ne fonctionnent plus
Les bonbonnes sont vidées
Et mon rictus tordu

J’m’en retourne vers mon soleil

Une dernière pièce d’équipement
Un salut au drapeau pour la forme
J’ouvre la porte du vaisseau
Et quitte le dôme

J’m’en retourne vers mon soleil
J’m’en retourne vers mon soleil

Je commence le long voyage
Seul dans l’espace
Je commence le long voyage
Seul dans l’espace

J’m’en retourne vers mon soleil
J’m’en retourne vers mon soleil