mardi 5 mai 2009

Le noeud du problème

- Arrête de te sauver de tout! Tu m'énarves à t'fermer les yeux d'vant la vérité...
- Ta gueule, tu sais pas de quoi tu parles!
- Fuck you!

Porte de bureau et porte de chambre qui claquent à l'unisson. Au moins, on est encore en harmonie sur un point...

Ça fait deux jours que ça dure, deux jours à s'ignorer, à se faire la gueule, à faire exprès pour se faire chier par des petits riens subtils: ouvrir le journal un peu plus grand que d'habitude pour que le coin droit de la section Arts et Spectacles atterrisse sur la toast de l'autre, se raser sciemment avec le rasoir de l'autre...Une p'tite guerre de nerfs d'un couple qui se connaît trop.

On est passés le stade du make-up sex, du make-up déjeûner au resto, du make-up bouquet de fleurs, de la make-up pipe complète...Qu'est-ce qui nous retient ensemble sinon l'habitude et le confort des jours qui se suivent et qui se ressemblent fucking trop?

Mais bon, c'est tolérable, vivable, suffocant, mais pas assez pour asphyxier les morceaux d'amour qui essaient tant bien que mal de survivre.

L'appartement nous ressemble: à l'envers, débordé, dépourvu de sens, presque.

Et on joue cette pièce depuis tellement de mois qu'on en connaît les répliques par coeur, surtout les répliques qui piquent, qui font mal. Mais on est trop chickens pour changer le texte, jouer sur un autre registre. On continue dans ce qu'on connaît. Peut-être qu'au fond, ça fait notre affaire.

Et là, ce soir, à la table à dîner, c'est parti pour être la même répétition des mêmes mots, des mêmes synonymes. Usés, fatigués. Nous là, pas les mots.

entre deux bouchées, elle me regarde, neutre.

- Tu sais c'est quoi mon problème?
- Non.

C'est vrai, je ne le sais pas c'est quoi son problème...En fait, je sais quels sont SES problèmes. Elle est chiche de dire qu'elle n'en a qu'un.

- Mon problème, c'est toi.

Enfin.

Le troisième acte peut prendre fin, il a duré tellement longtemps. Le rideau va descendre bientôt, au grand plaisir des spectateurs obligés de cette pièce sordide, aux acteurs épuisés, au propos répétitif.

Pour la première fois depuis des mois, je ne réponds pas.

Pour la première fois depuis des mois, elle a raison.

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