Hier soir, pendant que Cath et moi on s'appliquait à faire rire l'infirmière envoyée par la compagnie d'assurances, le téléphone a sonné.
Un vendredi soir, c'est tout à fait plausible.
J'me lève et répond.
- Oui bonsoir?
- Allô, c'est CF.
Pas un fantôme, pas un revenant non plus: l'implication négative de ces noms ne lui convient pas. Un écho, un p'tit bonjour du passé. C'est mieux, ça le cerne plus.
On a passé dix-quinze minutes à jaser, de tout et de rien. Il y a quelques temps, sa mère a fait un grand ménage dans les chambres des enfants partis du nid, pour trouver une pile de cassettes de chansons de CF.
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À l'université, CF et moi on faisait de la musique ensemble. Beaucoup...éclatée, drôle, poétique, juvénile, naîve. On n's'arrêtait guère aux conventions: on avait du plaisir à créer.
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Elle lui en a fait des copies, qu'elle lui a données. Celle avec nos chansons, elle l'a intitulée "joie". J'entends encore la voix de CF me dire au téléphone " on était à notre apogée sur cette cassette-là!" Notre apogée. Un bien grand mot pour dire qu'on avait un presque deal de démo avec Yvon Deschamps..Nos chansons étaient pas mal en avance sur notre carrière!
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Il va venir en déposer une dans ma boîte aux lettres. J'lui ai proposé qu'on refasse de la musique ensemble, p't'être enregistrer nos chansons. "Tu fais encore de la musique? Moi, les muses viennent plus me voir!" qu'il m'a dit. C'est drôle, depuis c'te maudit soir où il m'avait annoncé qu'il arrêtait le Marmelade Trio, les muses sont parkées dans ma cour...
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J'écris ces phrases et je me souviens de son annonce: "après le spectacle à trois-rivières, j'arrête". J'ai encaissé le choc, et quand j'ai été sûr qu'il était parti de l'appart, où on pratiquait, j'ai pleuré. Une peine de musique.
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On jasait de nos petites vies, s'apprenant qu'on est presque voisins, moi lui disant que je suis marié, lui faisant un coming out pas surprenant et tout à fait naturel ("ça fait deux ans que j'habite avec mon amoureux, M."), découvrant qu'on travaillait pas mal dans le même domaine, on jasait et on s'est promis de s'voir, de remettre ça.
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J'ai envie de le revoir, de refaire de la musique avec, de redevenir son ami même. J'ai juste peur de m'faire flusher comme y'a plusieurs années de cela.
C'était probablement mon meilleur ami à l'université, un gars qui m'poussait constamment à me remettre en question, sans me forcer à l'faire, juste en étant ce qu'il était. Y'a toutte scrapé ça en arrêtant de faire de la musique avec moi. Lui le poète penseur et moi le penseur poète.
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3 commentaires:
Connaissant le phénomène, je te souhaite que ca fonctionne!
Je te souhaite vraiment que ca fonctionne!
C'est quand même ironique qu'au moment où je te cherche, ton dernier message s'intitule «Un p'tit bonjour du passé».
Moi aussi je viens de ton passé et je ne m'appelle pas Marty MacFly. Je suis content de savoir que tu fais toujours de la musique et que tu dis toujours des niaiseries. À ce propos, as-tu pensé composer une toune qui s'appelerait «the calf dance»?
Je te laisse avec tes questions du genre «Kisskecéca» en me disant que le souvenir te viendra peut-être avec un relent de fruits de mer...
T'auras sûrement des nouvelles de moi (et d'autres)sous peu...
En effet...qui c'est que c'est ca...
fruits de mer...crevettes...eric morasse?
la danse du veau??? Je sais pas...
Mon dieu!
Aucune idee....
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