Hier soir, j'ai oublié d'éteindre la télé. L'écran était couvert de neige et moi, la neige, je trouve cela beau. Pris d'un regain de jeunesse, j'suis allé chercher la télé de la cuisine et celle de la chambre pour les empiler une par dessus l'autre. La plus grosse en bas, la moyenne au milieu et la petite tout en haut. Je mens. La plus petite, c'est pas vraiment une télé: c'est un poste de radio. POur rester dans le thème, j'ai syntonisé une fréquence où il n'y a rien, rien que de la neige.
J'ai entouré le tout d'un foulard et collé, avec du ruban gommé tout usage, un bout de carotte en plein centre du haut-parleur de mon petit poste de radio. Avec les boutons de réglage du volume et de la tonaité, ça avait presque l'air d'un visage. la tuque que grand-mère avait tricoté avec amour y était pour beaucoup je crois.
J'ai admiré ma créatioon quelques minutes et je suis allé me coucher. Comme dans ma jeunesse, toute cette activité physique m'avait fatigué.
Au beau milieu de la nuit, selon mon réveil-matin, un grabuge à tout casser m'a réveillé! Je m'suis empressé d'ouvrir les yeux. Une pile de moutons s'agitaient, entassés pêle-mêle au pied du lit. Oui, je dormais à poings fermés. J'essayais tant bien que mal d'ouvrir la porte de la chambre, mais rien n'y faisait! Quelque chose, un objet, voire quelqu'un bloquait son rayon d'ouverture dans le corridor. N'écoutant que ma peur, j'ai pris mon courage par la main (il est très petit, mon courage) et j'ai sauté par la fenêtre...Je n'ai pas crié longtemps, j'habite au rez-de-chaussée.
Décidemment courageux, ou fou, je me suis aventuré vers la fenêtre du salon pour observer la cause de tout ce raffut...
Une déneigeuse....
La tempête avait pris de la vigueur et avait débordé des écrans, et du haut-parleur, pour s'répandre àla grandeur du salon. Pendant mon sommeil, les cols bleus, zélés pour une rare fois, avaient entrepris le déneigement systématique de la pièce.
Je ne voyais plus la causeuse! Ah non! Elle avait été remorquée dans le corridor, bloquant irrémédiablement (pour le temps de sa migration en fait...) l'ouverture de la porte de ma chambre. C'était donc ça qui m'avait réveillé! LA remorqueuse et son ti-dou-di-dou-di-dou légèrement agaçant! Les salauds de cols bleus avaient érigé des pancartes interdisant le stationnement à mon insu, profitant de mon doux et chaleureux séjour dans les bras de Morphée pour déplacer ma moelleuse causeuse.
Je voyais, de loin, l'agent coller une contravention à ma causeuse élimée, n'ayant même pas de pitié pour son état, ou de respect pour son âge, dépendant du point de vue. J'avais beau faire toutes les simagrées imaginables, il demeurait imperturbable, comme un zouave sourd et aveugle.
Un attroupement se formait peu à peu autour de mon balcon. Des curieux, des badauds, les voisins. Un murmure commençait à monter, une rumeur sourde circulait entre les gens, s'amplifiant et se déformant au gré des oreilles, comme dans un téléphone arabe.
On me pointait du doigt et riait de moi, je le savais. Dans mon immense douleur, à travers mes gémissements, je déchiffras quelques mots, des bouts de phrase:
" Lui qui se targuait de n'avoir jamais eu de billet!"
"Ça lui apprendra à chanter sous la douche!"
"Bien fait pour lui! Il ne respectait pas les limites de vitesse!"
Mais ce qui me torturait le plus, ce qui me déchirait au plus haut point, c'était de devoir expliquer pourquoi je dormais encore en pyjama magré mes trente-deux ans bien sonnés...
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2 commentaires:
On dirait du "Chick & Swell". Belle histoire folle et drôle. Mais c'est "je déchiffrai", pas "je déchiffras".
en fait, j'ai oublié le I pour faire déchiffrais...
comme j'l'ai écrit dans un vieux vieux post...j'fais pas beaucoup d'fautes...ce sont des coquilles!
merci pour la comparaison aux chick n swell! :O)
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