jeudi 28 avril 2005

Départ pour Montréal

J'ai fait mon secondaire dans un pensionnat, 1 an de cégep à québec et le reste à 3rivières. Pour l'université, j'voulais partir de cette petite ville qui m'étouffait. Pas qu'elle est mauvaise, non, mais pour moi, c'était pas assez grand, ni assez loin. J'avais besoin d'air, pour devenir ce que je voulais devenir.

Mes deux premiers choix d'universités étaient celle de St-Boniface, au Manitoba et celle de Moncton, au Nouveau-Brunswick. Disons que c'est pas la porte à côté. Plusieurs facteurs sont entrés en ligne de compte pour ma décision finale. J'ai choisi l'UQAM. 1h30 de route (pour les pas vites!) et assez de dépaysement pour une vie entière.

Choisi l'appart' dans côte-des-neiges, déménagé mes meubles et les gros trucs pendant l'été. Ne restait que moi, mes vêtements et mon ordi. J'bourre Popsicle de mon bardas, j'dis bye à mon papa et à ma maman. C'est que la maman de Ge, ma blonde du temps, avait préparé un souper de départ pour moi. Mes parents en avaient fait un quelques jours auparavant.

- Enweye, vas-t'en, que me dit mon père, sur un ton assez brusque.

j'marche jusqu'à la porte d'entrée, où ma mère m'attend.

- Salut, le pas-capable-de-montrer-ses-émotions!

Ma mère me fait des groooooooooooos yeux! Elle me suit dehors, pose les questions d'usage:"as-tu assez d'argent? T'as toutes tes affaires?" Elle me fait un gros calins et me dit:

- tu sais, c'est pas facile pour lui, pis c'est pas bon pour son coeur que tu lui parles comme ça.
-Ouin...j'vais aller le voir, m'excuser...

Ma mère reste dehors. J'entre dans la maison sans faire de bruit. La télé crache ses sons imbéciles. J'entends rien d'autre que ça. J'avance discrètement vers la cuisine. J'étire le cou pour voir...Mon père est debout, une main sur le vaissellier, pour assurer son équilibre. Son coprs est secoué de soubresauts. Il a le visage écarlate, comme un homard qui sort du chaudron.

Je m'approche de lui et spontanément, il m'engouffre dans ses grands et gros bras. Ses grandes paluches tapent mon dos. Il me serre fort, mon papa. Et il pleure.

- J'suis tellement fier de toi. Tellement.

Il a rien dit d'autre.

J'me défais de son étreinte. Ma mère est dans l'espace qui sépare la cuisine de la salle à manger. Elle comprend qu'elle ne peut pas faire partie de ce moment-là, une complicité virile, un dernier retranchement masculin, quand le père se rend compte que son fils vient de passer une étape de plus sur le chemin pour devenir un homme. Et qu'en plus, il lui fait part de sa fierté. Elle est un peu jalouse de ça aussi. Mais ma relation avec elle est beaucoup plus émotive et beaucoup plus intellectuelle que celle que je vis avec mon père. papa et moi, c'est de l'instinct pur. Deux bêtes sauvages, deux taureaux orgueilleux qui s'battent pour être le plus fort.

J'embrasse une dernière fois maman, je ressors et j'saute dans ma voiture.

Même si ça n'prenait que 5-6 minutes me rendre chez Ge, ça en a pris une dizaine ce dimanche-là. J'me suis arrêté sur Pie-XII, là où y'avait pas encore de maison, et j'ai pleuré un coup. Une fois le moton passé, j'suis reparti.

On a mangé de la salade César...C'était la première fois pour moi.

Pendant deux ans, je revenais régulièrement chez mes parents. Tous les week-ends, les étés aussi. J'remballais mes affaires et j'reprenais possession de ma chambre le temps d'une jobine. Jusqu'à ce que je trouve le 5023, ma maison, mon chez-moi.

3 commentaires:

Philippe-A. a dit...

Ah ouais, toi aussi t'es de côte-des-neiges...
nice blog

Frédéric a dit...

Euh, plus maintenant. J'ai habité sur Goyer pendant un an, avant de migrer vers Hochelaga-Maisonneuve, ou HOMA comme disent les branchés ;O)

Merci pour le nice blog!

Mlle B. a dit...

Ouffff j'en ai eu les larmes aux yeux... un p'tit bijou ce texte, tellement athentique et sincère.