Rosaire erre depuis des heures dans la ville de Vancouver…C’est ben plus propre que Montréal et le climat y est tempéré.
Il bouffe un seul sushi, debout sur ses pattes arrières sous un banc de parc. N’ayant pas pu avoir de service auprès de la serveuse un peu trop grande pour le voir devant le comptoir, il s’est résigné à…non, je ne peux l’écrire…à…c’est trop difficile…à emprunter sans le demander un sushi à un client trop distrait par les craques de seins des passantes. Tant pis pour lui…Comme le disait la maman de Rosaire : « Si t’es trop distrait par les filles, tu mérites ce qui t’arrive. » Crime qu’elle était poche pour élaborer des dictons.
Rosaire bouffe en pensant à tout le chemin, autant physique que psychologique qu’il a parcouru. Il a même une pensée pour le Vagabond. Il fait un simili-lien entre leur brève rencontre et l’histoire la pluxe poche au monde…j’ai de la difficulté à l’expliquer…vous savez, la crap avec les pas sur la plage…quand j’rushais, y’a juste une paire de pas, t’étais où Jésus? Pis tout le pathos inhérent à ça…Rosaire pense à cette histoire pis il se dit qu’elle n’a aucun lien avec ce qu’il a vécu, mais qu’elle est belle pareil.
Rosaire ne se doute de rien, mais un caméraman le suit depuis le début de son épopée. (ben quoi? Un, c’est un documentaire sur le rituel de séduction des hamsters, deux, d’où vous pensez que ça vient cette histoire-là? Que je l’ai inventée??? Voyons donc!) Donc, le caméraman est pomal plus discret que Benoit Brière dans Louis XVIII.
Rosaire termine son sushi, enfile son sac à dos (une poche de thé avec deux élastiques) et se dirige vers le nord…Suivi par l’épouvantail DOC! (faut que je trouve une manière de m’en débarrasser une fois pour toutes!)
Il marche ainsi des kilomètres, sans s’arrêter, tel un pèlerin infatigable qui veut rejoindre au plus tôt St-Jacques-de-Compostelle. Il marche, titube et marche encore, porté par l’espoir d’une vie nouvelle, porté par les valeurs inculquées par Splinter, porté par le message que son ancêtre lui avait laissé sur sa ripe de mort : fngh fngh fnfhg.
Au détour d’un chemin sinueux et d’un pin de Douglas, la révélation se présente à Rosaire. Un immense totem, au de plusieurs mètres, tiré et soulevé par des dizaines d’indiens Aïdas, se fait dresser sur la plage devant lui.
Rosaire s’approche du contremaître. Ses petites pattes laissent des petites traces sur le sable compacté.
- Heum heum…
- Kenatawé?
- Monsieur, il est beau votre totem!
- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH….Gnashi ay té…Hamster kiniwast!
Rosaire, pas plus que moi, ne comprend le vieil indien. Les jobbeux, qui forcent comme des malades sur le tronc d’arbre gossé entendent les paroles troublées du bonhomme. Et ils les comprennent…Normal, c’est leur langue maternelle.
Plusieurs poussent des « oh! », d’autres des « ah », certains des « huih! »et un plus mongol « weekend pour deux à paris ». Ils échappent lourdement le gros copeau/totem, écrasant quelques sous-fifres peu importants mais présents pour aider à l’érection du totem….Tous se sauvent vers la forêt, ou le bar le plus proche, en criant. Le totem roule lentement vers la mer, finissant le travail d’écrapoutissage commencé par sa chute.
Rosaire regarde le spectacle offert par ce gros rouleau à pâte. Le totem s’immobilise enfin sur un gros rocher saillant. Il reste surpris du spectacle. Tout en haut, juste sous l’espace réservé aux commanditaires, un hamster le regarde. Pas n’importe quel hamster. Rosaire se regarde….
Aux alentours, pas âme qui vive..(sauf le doc mailloux, qui a maille à partir avec quelques ruminants sauvages, étant donné son état d’homme-foin…et le valeureux caméraman qui capte en discrétion ces belles images)
Rosaire prépare son bivouac, mange quelques morceaux de bois et du jerky beef qu’un des morts gardait dans sa poche. Il s’installe près du feu, sa pipe à la bouche. Il s’enfonce dans le sommeil bercé par les vagues…Quelque part, ailleurs dans le monde, un train fend la nuit.
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