J'suis vraiment pas du genre à avoir des regrets, mais j'ai quand même des pincements au coeur quand j'pense à certains moments, certaines situations...des "j'aurais-donc-du" inévitables, mais inutiles.
Anyway...
Je regrette rien de ce que j'ai dit: j'pense tout ce qui sort de ma bouche...des fois ça sort tout croche ou trop fort, mais si c'est sorti, c'est que ça avait à sortir. Les situations se sont améliorées ou détériorées, selon le cas, mais pas parce que j'ai ouvert ma grand gueule.
Des fois j'regrette de ne pas avoir parlé, pour remettre qqn à sa place par exemple, mais plus souvent pour montrer que je suis heureux.
Je regrette de pas avoir assez de temps pour ceux que j'aime: ma blonde, ma famille, mes amis. Julie à un p'tit pou né en septembre, pis j'l'ai pas encore t'nu dans mes bras.
Les regrets, ça sert à rien: si on devient les personnes qu'on est, c'est par la somme de nos expériences, pis anyway, on peut pas changer ce qui est arrivé...pourquoi s'faire du sang d'cochon? (c'est du boudin frette ça...eurk!)
Ah non, j'en ai un regret, une décision que j'ai prise qui a changé ma vie: la dernière glissade à Ste-Thècle.
J'avais 11 ans et j'étais en camps de vacances. On était sortis aux glissades d'eau. J'avais un ami, Pierre, pis on avait ben du fun. J'avais peur un peu dans la dernière courbe de la glissade, parce que je montais haut et je m'approchais dangeureusement du rebord.
Je rencontre Pierre en haut de la côte. Il me dit: "On va s'baigner!" Pis moi j'réponds: "Une dernière pis on y va. PIs celle là, j'vais la faire sur le ventre!" "OK"
Pierre glisse en premier. J'attends qu'il soit sorti de l'eau pour m'élancer à mon tour. Je glisse. J'avais raison d'avoir peur. J'ai été éjecté de la glissade dans la dernière courbe.
J'ai réagi tellement vite pour une niaiserie qui m'a sauvé la vie. J'explique.
Je jouais au baseball pis j'étais pomal bon. je savais qu'en revenant de mes vacances, on s'rait en finales. J'voulais pas me casser le bras droit, ça m'empêcherait de jouer. Dans les airs, j'me suis tourné à 180 degrés, bedon vers la ciel. Faut dire que j'avais peur de percuter la clôture, à deux pieds de la glissade, avec mon bras droit.
J'ai fait ça en une fraction de seconde. Encore aujourd'hui, le souvenir est loin et diffus. J'y pense, pis j'revois des bouts d'événements.
Je me suis accroché sur la clôture par l'aisselle gauche. Je me suis dépris (demandez moi pas comment, j'm'en souviens plus!) et j'ai commencé à marcher dans l'eau, les deux bras dans les airs. J'avais même pas mal...mon cerveau était shooté à l'adrénaline et aux endorphines (me semble que c'est les bonnes affaires). J'sentais que c'était chaud sur mon côté gauche, alors j'ai regardé. Mes yeux se sont posés sur ma cuisse, rouge. Mon maillot de bain, rouge...Mon flanc...rouge. Mon d'sous de bras. Rouge et déchiré.
J'me suis mis à crier: LES SANGSUES!!!! Les glissades donnaient dans un lac.
La surveillante de 14 ans s'essoufflait dans son sifflet, pis moi j'restais planté là, au milieu de l'eau.
Y'a le lifeguard d'la plage à côté qui m'a aidé à monter les escaliers. J'ai dit à Pierre que j'irais pas me baigner, désolé. Y'avait des filles de mon groupe qui pleurait et je commençais à avoir froid.
J'ai pris une ambulance et 37 minutes plus tard, j'arrivais à l'hôpital, où je me suis fait opérer.
De faire une dernière glissade, c'est la seule chose que je regrette dans ma vie. Pis j'en ai fait des conneries, mais au moins, j'en savais les conséquences.
Aujourd'hui, j'ai tout le dessous du bras, du poignet à l'aisselle, hypersensible. C'est un peu comme le supplice de la goutte d'eau j'dirais, mais permanent. Même quand je me touche, c'est désagréable. J'ai des élancements régulièrement et deux grosses cicatrices.
Mes parents ont encourus des frais médicaux, d'avocats et d'expertise pour plus de 10 000$! Et comme les trois organismes qui géraient l'endroit se renvoyaient la balle, ils n'ont eu que 4500$ en dédommagement. Bon, j'ai pu m'acheter un iMac avec ça, plus de 10 ans après les événements, mais c'est tout. Moi, j'reste pris avec la douleur, la sensibilité et la force en moins dans se bras-là. Une de mes amies a perdu un p'tit bout de doigt dans une porte d'école, je parle d'une fraction de centimètre là, et elle a pu payer ses études universitaires avec le montant reçu.
On ne choisit pas les malheurs qui nous arrivent. Ni les bonheurs d'ailleurs. C'est c'qui fait que la vie est belle et qu'il faut en profiter pleinement à chaque instant.
Voir trop loin en avant, c'pas mieux que de regarder en arrière - Les Cowboys Fringants
It's better to regret something you did that something you didn't do - Butthole Surfers
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire